Préambule :
Georges Servières, en 1909, a rédigé un article intéressant (bien que teinté d'antisémitisme) donnant de nombreux commentaires sur Heller et son oeuvre. Comme celui-ci l'indique parfaitement, Heller est un compositeur très original avec de nombreuses innovations rythmiques et un sens harmonique qui fait regretter l'absence de pièces orchestrales dans son catalogue
En effet, si Heller a composé un concerto dans sa jeunesse (œuvre peu digne d'intérêt selon lui), nous ne trouvons guère que les Pensées Fugitives, op30, écrites en collaboration avec le violoniste Ernst, qui ne soient pas exclusivement dédiées au piano.
Grand connaisseur et expert de toutes les subtilités de cet instrument, Heller est surtout connu pour ses études, largement louées à son époque. On en trouve d'ailleurs plusieurs enregistrements*. Cependant, son œuvre est loin d'être limitée à ce genre et on risque de trouver plus de charme et de poésie dans ses autres pièces pour piano**&***&**** (plus de 150 opus ou plus de 450 morceaux). La richesse des inspirations et la complexité des sentiments permettent à l'auditeur de voyager dans des sphères encore non explorées. Dans certains opus, l’influence de Mendelssohn, Schubert et Chopin est affirmée et manifeste comme le fait d'ailleurs remarquer Barbedette dans Stephen Heller, sa vie et ses oeuvres mais l'approche profondément originale, l'érudition et la pédagogie qu'apporte Heller dans ces dernières permet un éclairage nouveau sur les œuvres de de ces grands maîtres.
En rassemblant les commentaires trouvés dans les journaux contemporains, notamment ceux de Berlioz, Schumann, , Marmontel, Fétis, Laurens et Le Couppey. nous pouvons d'ailleurs remarquer que certaines œuvres semblent sortir du lot, notamment les caprices symphoniques (dont Berlioz aurait dit que ce sont les plus beaux morceaux de piano écrits depuis Beethoven), les nuits blanches, les tarentelles, les sonatines... et bien sur, la Chasse, œuvre que Liszt aurait joué plusieurs fois en concert (Revue et Gazette Musicale de Paris de 1843) Par contre, la sonate est un genre qui ne semble pas lui convenir mais ici aussi, il nous faut pouvoir nous faire notre propre avis.
Heller, comme la plupart des compositeurs romantiques a aussi écrit des fantaisies et transcriptions sur des airs d'opéra mais ce n'était qu'à des fins pécuniaires et on les retrouve surtout dans les premiers opus. Il exècrait en effet ce genre et ceux qui en font commerce. Ainsi, il aurait volontiers cloué au pilori son contemporain Henri Herz. Il idolâtrait par contre Beethoven, appréciait énormément Schubert et Chopin (il a eu la chance de rencontrer ces deux derniers compositeurs et peut-être même le premier) et gardait une importante amitié épistolaire avec Schumann. Nous retrouvons par conséquent tous ces compositeurs dans des transcriptions, études pédagogiques, variations. Par contre, ses sentiments étaient plus mitigés concernant Liszt dont il moquait souvent la verve et la condescendance (il l'appellait Liszt I, le tyran) malgré quelques périodes de réconciliation entre les deux (une oeuvre, le scherzo op.24 est d'ailleurs dédiée à "son ami Liszt"). Le romantisme de Heller est bien plus discret que celui de son compatriote et sa passion ne s'épanche jamais trop fortement. Son œuvre reflète parfaitement la profondeur et la nature réservée de son caractère.
Fétis dans son encyclopédie, conclut d'ailleurs ainsi sa biographie :
"Un jour viendra où les influences de coterie ayant disparu laisseront juger du mérite réel des choses ; alors on reconnaîtra, sans aucun doute, que Heller est, bien plus que Chopin, le poète moderne du piano."
Si nous ne partageons pas forcément cette comparaison, reconnaissant à Chopin un sens mélodique bien plus abouti que celui de Heller, nous ne pouvons nier l'émotion suscitée par certaines de ses compositions.
Il suffit d'ailleurs d'écouter ces trois extraits pour en avoir un aperçu :
Extrait des Rêveries du promeneur solitaire, op.101 par Marc Pantillon
et aussi :
Extrait des Ständchen op.131 n°1 par Andreas Meyer
Extrait des Romances sans paroles , op.120 n°7 par Andreas Meyer
*Stephen Heller : Piano Ettüden : op. 45,46, 47 par Jan Vermeulen (voir sur amazon.fr)
**Stephen Heller ; Musique romantique pour piano : op.78 ,101, 128, 136 ; Marc Pantillon (voir sur amazon.fr)
***Stephen Heller : Late piano Works, Op.85, 120, 131, 140, 142 par Andreas Meyer-Hermann (voir sur amazon.fr)
**** Stephen Heller: Works for Piano par Ilona Prunyi (voir sur amazon.fr)
Vous trouverez ci-dessous, la liste des œuvres de S. Heller. Elle est principalement tirée du livre de Barbedette sur S. Heller , du livre Universal Handbuch der Musikliteratur(pour les oeuvres sans N° d'opus) et de diverses notices biographiques.
Le tableau résumé ci-dessous indique quelques informations essentielles mais en cliquant sur une œuvre, vous pourrez avoir accès à plus de détails avec, en général, la partition, parfois un extrait sonore mais aussi des critiques contemporaines à Heller.
Les sources d'information principales pour la description des œuvres sont les articles et livres sur Stephen Heller en particulier les biographies par Barbedette (Vie et Oeuvres de Stephen Heller) et Servières (Portrait de Stephen Heller). Nous avons aussi réuni de nombreux articles de la presse musicale du XIXème siècle, notamment la Revue et Gazette Musicale de Paris, la France Musicale, le Ménestrel, le Neue Zeitschrift Für Musik et le Musical Times. Parmi les auteurs de ces articles, nous retrouvons Berlioz et Schumann mais aussi certaines sommités ou célébrités de l'époque telles que François Joseph Fétis et Bonaventure Laurens.
Les appréciations de ces contemporains de Heller, additionnées aux nôtres, permettent de noter certaines œuvres de 1* à 5*.
Le matériel biographique n'étant pas suffisant pour déterminer précisément les dates de composition des œuvres, nous ne l'avons estimé que pour les œuvres non publiées. Pour les autres, nous avons effectué des recherches dans les catalogues des principales bibliothèques européennes, dans la correspondance de Heller (livre de J-J. Eigeldinger) et dans les publicités et articles des journaux contemporains pour déterminer la date de première publication. La tonalité générale des morceaux, lorsque elle n'est pas indiquée dans le catalogue des œuvres, a été déterminée par lecture rapide des partitions. Une analyse plus détaillée serait cependant nécessaire pour certaines. Les œuvres sont classées selon des catégories similaires à celles proposées dans le livre de Eigeldinger : les Oeuvres à destination didactique (Etudes, Méthodes...), les morceaux à programme (Dans les Bois, Promenades...), les formes classiques (sonates, impromutus, scherzos...), les danses (Mazurkas, Valses...), les morceaux lyriques (romances, mélodies...) et les transcriptions (Arrangements, Fantaisies, Chants de Schubert...). Le style (ou l'influence) est indiqué pour justement préciser cette dernière catégorie mais aussi lorsque les critiques ou l'écoute révèlent un rappel flagrant du style d'autres compositeurs.
La difficulté de certaines œuvres est ainsi indiquèe par le nombre de croches apparaissant dans la colonne "Niveau"
: Facile ; : Moyen ; : Difficile ; : Expert.
signifie que vous entendrez un extrait de l'œuvre en cliquant sur son titre
signifie que vous entendrez l'œuvre en intégralité en cliquant sur son titre
signifie que la partition est disponible sur le site.