Biographie de Stephen Heller

 

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Surnommé le La Fontaine de la musique par son ami Berlioz ou l'Alfred de Musset du piano par Massenet,  Heller est un compositeur qui ne peut laisser indifférent.  L'originalité, la recherche rhythmique, l'infinie délicatesse  de ses compositions lui ont valu les éloges quasi-unanimes de ses contemporains (Schumann, Berlioz, Saint-Saens, Fétis...). Si, comme Liszt,  Gottschalk ou la plupart des compositeurs romantiques, il avait joué ses œuvres dans les salons parisiens et les salles de concerts en vogue, nul doute qu'il aurait eu une renommée différente. Malheureusement, Heller était d'une nature réservée, souvent misanthrope, et il ne se produisait ainsi presque jamais devant un public dont il ne comprenait pas l'attrait pour l'exubérance. Seuls quelques virtuoses (Charles Hallé et Felix le Couppey par exemple) se sont fait à l'époque les ambassadeurs de sa musique mais, malgré le succès qu'ils ont alors obtenu, ils n'ont eu que peu de successeurs. 

L'absence de pièce orchestrale dans son catalogue, comparée à l'abondance d'études, est peut-être une autre  raison du cantonnement de l'oeuvre de Heller dans les conservatoires où les jeunes pianistes peuvent parfois jouer  son "Avalanche".

Nous essaierons ici de rappeler l'homme et le compositeur que  fut Stephen Heller en nous appuyant notamment  sur les témoignages de son époque, sa correspondance, ses articles et diverses biographies. Il n'est pas encore trop tard pour transmettre à la postérité ses nombreuses poésies musicales.

 

Les documents que nous avons pu trouver concernant  la vie de Heller traitent généralement plus de ses œuvres que de l'homme lui-même. En effet, d'un naturel réservé et casanier, célibataire endurci et ne se produisant que très rarement, sa vie a peu intéressé les journaux de l'époque. Cependant, le récit qu'il donne de son enfance dans ses mémoires est plein d'anecdotes touchantes et ses relations épistolaires ne manquent pas d'intérêt. Avec les témoignages de ses illustres amis (Berlioz, Saint-Saëns, Le Couppey, Fétis, ...) elles nous donnent un bon aperçu de la personnalité de Heller.

Pour une vision d'ensemble, nous vous conseillons le livre de Jean-Jacques Eigeldinger contenant une biographie complète et un large choix de lettres de Heller :

Lettres d'un musicien romantique à Paris (disponible chez amazon.fr)

Pour des biographies plus contemporaines à Heller, les plus complètes sont :

Hippolyte Barbette, Stephen Heller, Sa vie et ses Oeuvres, 1888 (versions françaises et anglaises que nous avons retranscrites)

Ce livre traite peu de la vie de son sujet mais fut longtemps la principale biographie de Heller.

Fétis, Stephen Heller, dans Biographie universelle des musiciens, 1866-1868.

Fétis admirait Heller et a écrit plusieurs critiques élogieuses des œuvres de celui-ci. Il lui réserve un paragraphe conséquent dans son encyclopédie.

Georges Servières, Portrait de Stephen Heller, d'après un tableau du Louvre.

Cet article est très détaillé concernant l'analyse d'oeuvres mais la perception de Heller qui en est donnée est tellement teintée d'antisémitisme que nous ne saurions nous y fier.

Antoine-François Marmontel, Stephen Heller dans Les Pianistes Célèbres, 1878

Marmontel était un proche de Heller et la biographie qu'il en donne dans les pianistes célèbres permet d'avoir des témoignages de première main, et, même si on peut douter de l'objectivité de l'auteur, il ne manque pas d'arguments.

(autres documents à venir)

Sinon, nous vous proposons un bref résumé ci-dessous :

Sa Vie , en bref

Né à Pesth (aujourd'hui Budapest) en Hongrie le 15 mai 1813, Heller développe vite des facultés exceptionnelles pour le piano. A l’âge de neuf ans, il joue le concerto pour deux pianos de Dussek avec son professeur M. Franz Bauer. Ses parents l’envoient alors étudier à Vienne où il devient l’élève de Carl Czerny dont les tarifs exorbitants ne permettent pas de lui donner plus que quelques leçons. Il devient alors l’élève de M.Antoine Halm, un célèbre musicien de Vienne et ami de Beethoven. A l’âge de 13 ans, Heller commence déjà à donner des concerts à Vienne avant de prolonger cette tournée en Autriche, Hongrie et Allemagne.  Là, il se donne parfois à des exercices d’improvisation sur des thèmes donnés par le public. Cependant, il se lasse vite de ces exercices de virtuosité, et à 16 ans préfère donner des leçons à Augsburg où il prend aussi quelques cours de composition avec  le français Chélard, directeur de l’opéra. A l’âge de 19 ans, il publie ses premières compositions dont Robert Schumann fera l’éloge et contribuera à leur célébrité. Enfin, en 1837, Kalkbrenner joue un duo avec Heller et le persuade alors d’apprendre sous sa tutelle à Paris.

En octobre 1838, Heller part pour la France mais Kalkbrenner a lui aussi des tarifs trop onéreux et Heller, ne supportant pas la condescendance de ce dernier va continuer seul son apprentissage musical. De nature mélancolique, assez timide et ne développant pas les liens indispensables avec la société parisienne, il se consacre totalement à la composition et n’apparait plus que rarement en public. Ses pièces ne connaissent donc pas immédiatement le succès et ce n’est qu’après que Charles Hallé accepte de les jouer publiquement qu’elles connaîtront une immense popularité.  

Vivant modestement, Heller ne côtoiera qu’un cercle restreint d’amis dont Saint-Saëns, Berlioz, et le célèbre professeur de composition Marmontel font partie.  Il s’éteint, presque déjà oublié,  le 14 janvier 1888 à Paris.